Le cours des choses
Résidence 2024 à Utopiana
Pierres, rituels et résistance
Ophélie Naessens & Cynthia Montier déploient ensemble une démarche qui associe étroitement les pierres, les spiritualités et les résistances dans une perspective anthropologique, artistique et militante, en se basant sur les mouvements sociaux et les minéraux. À travers des images lapidaires, des objets, des gestes lithiques (déposer, lancer, enfouir, lever, etc.) et des récits provenant des domaines artistiques, scientifiques, médiatiques et vernaculaires, elles cherchent à susciter de nouveaux imaginaires comme outils potentiels de lutte et de réflexion.
Peut-être avons-nous besoin de nouveaux rituels pour explorer différentes façons de questionner, d'exister, d'interagir avec le monde, de se connecter avec les personnes et les choses qui nous importent, qui nous touchent émotionnellement, ou qui nous entourent sans que nous y prêtions attention ou que nous en soyons conscients. Comment inventer, expérimenter ces liens, ces interdépendances, ces connexions invisibles, indicibles ? Comment ré-enchanter Notre monde ? Peut-être que ces présences, ces façons d’être, d’apparaître nous en disent aussi long sur nous-mêmes, sur notre propre mode de présence au monde.
Cette résidence explore les rituels d'enfouissement, elle examine nos relations avec les pratiques sacrées et citoyennes, les soins et les luttes politiques, les terres et les communautés.
Cynthia Montier & Ophélie Naessens
Cynthia Montier & Ophélie Naessens sont un duo d'artistes-chercheuses. Elles créent des formes participatives et performatives entre art, militantisme et magie. Elles s'intéressent aux dispositifs de médiation, de transmission de savoirs, de pratiques et de pédagogies rituelles. Elles ont développé la notion d'"ésotéricogéographie", qui consiste à explorer la géographie urbaine ou rurale comme des espaces à double dimension : physique (concret) et ésotérique (sens caché), révélant un sens profond. Leurs travaux - performances, publications, ateliers - s'élaborent par le biais d'enquêtes, de conversations, de récits, de rituels et protocoles.
"Les géocorps ont inspiré une étonnante variété de ritualisations et de symbolisations parce qu'ils ne favorisent pas les conceptions humaines et ne sont pas en accord avec notre sensorium... Les pierres persistent et les humains meurent, les pierres restent fermes et les animaux errent. Les roches condensent le temps dans la matière d'une manière qui est interdite aux acteurs biologiques : leurs strates sont une archive des forces qui décomposent et recomposent la vie ; dans leurs solides déformations de l'espace-temps, les rythmes de création et de destruction des organismes, les zones de contact entre les corps individuels et l'environnement deviennent poreux. Les géocorps ne favorisent que partiellement la vie animale : au-delà de ces engagements, seules des relations créatives avec leur existence divergente peuvent être imaginées."
Federico Luisetti